Le rempart entre mairie et prison
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Pour ceux qui n'ont pas pu suivre le feuilleton post confinement, il faut rappeler que le 18 mai dernier, dans le cadre du chantier de mise aux normes de la mairie, une pelleteuse faisait des travaux d'excavation et de démolition, sans aucune supervision, dans un secteur où pouvait se situer l'ancien rempart intérieur de la ville.
Pour la municipalité qui a été approchée, il n'y avait "rien d'intéressant sur le plan archéologique" d'autant plus que les Architectes des Bâtiments de France avaient donné leur accord pour cette démolition (DNA 18 mai 2020). Il faut dire que la Ville aurait seulement demandé un permis de "démolition d'un appentis" !
La Direction Régionale des Affaires Culturelles a fait stopper les travaux et mandaté une expertise archéologique. Au mois d'août ont ainsi eu lieu des fouilles archéologiques qui confirment la présence des fondations de l'ancien rempart de la ville (photo). Par conséquent, leur destruction est maintenant interdite (DNA 21 août 2020).
L'ancien rempart reliait le Zittgloeckel (Porte de l'horloge) à côté de la mairie au Hexenturm (Tour des sorcières) qui se trouvait à l'emplacement de l'ancienne prison. Au cours des travaux d'extension de la mairie et de construction de la prison au 19ème siècle, le rempart, le Hexenturm et d'autres bâtiments ont été rasés, et des murs de soutènement (et une fosse d'aisance - e Mischtgrüeb…) ont été construits entre la mairie et la prison sur les fondations du rempart.
Un détail intéressant sur la construction du mur : contrairement aux remparts médiévaux habituels, il est construit à l'économie sans parement de pierre de taille de part et d'autre, avec des blocs irréguliers de calcaire local noyés dans un ciment à la chaux. Sur la face extérieure exposée aux attaques les blocs sont cependant disposés transversalement comme des dents dans une mâchoire, pour éviter qu'ils puissent être descellés facilement par les attaquants…
Le projet initial de remise aux normes de la municipalité qui prévoyait la construction d'un escalier monumental entre mairie et prison doit donc être repensé en respectant les vestiges de notre patrimoine. S'il apparaissait préférable aux Bâtiments de France de réenfouir ce vestige sous un remblai protecteur, le groupe minoritaire au conseil municipal a proposé que son tracé soit matérialisé par un pavage réalisé en blocs de calcaire local qui sont caractéristiques de la construction de ce rempart.